Entre les diverses pénuries annoncées quotidiennement, que ce soit de blé, de beurre, de lait, ou de papier-toilette, il en est une qui effraie plus que les autres : celle des semi-conducteurs. Personne ne sait vraiment de quoi il s’agit, mais on ne plaisante pas avec la technologie.
En y regardant de plus près, il s’avère que Taïwan et la Chine se livrent déjà une guerre, qui a pour enjeu le contrôle du marché de ces semi-conducteurs, des matériaux aux propriétés électriques particulières, très répandus dans l’industrie de l’informatique, de la téléphonie, de l’automobile, ou encore de l’équipement militaire. Et pour l’instant, c’est Taïwan qui tient la dragée haute à son puissant voisin, avec 70% de la production mondiale. Les puces taïwanaises sont primordiales pour la Chine, qui se verrait bien contrôler le marché, car elle en consomme de grandes quantités dans ses usines qui assemblent de très nombreux appareils électroniques vendus dans le monde entier. Une rupture dans la chaîne d’approvisionnement serait donc très dommageable à l’industrie chinoise et, par ricochet, à l’économie mondiale.
C’est pourquoi les États-Unis ont lancé récemment un plan de 52 milliards de dollars de subventions pour relocaliser la fabrication de ces puces, avec entre autres la construction de plusieurs usines sur leur sol, dont des coréennes et des taïwanaises au savoir-faire indispensable. En effet, le regain de tensions entre la Chine et Taïwan suscite beaucoup de craintes quant au fonctionnement des sites de production, installés pour la plupart sur la côte ouest de l’île, juste en face du continent. Si l’armée chinoise devait débarquer à Taïwan, ces usines seraient des cibles de choix. Le patron de TMSC, le plus gros fabricant, affirme même qu’elles deviendraient inopérantes en raison de leur degré de sophistication. Ce scénario constituerait alors pour les États-Unis une ligne rouge à ne pas franchir, en raison de leur dépendance envers cette industrie.
À l’approche du vingtième congrès du Parti communiste, le président Xi Jinping n’aurait rien contre un coup d’éclat, pourquoi pas militaire, pour conforter sa réélection, lui qui a fait de la réunification de Taïwan avec la Chine une cause sacrée. Autant dire que la tension autour de la petite île dont dépend quasiment l’économie mondiale est à son comble.
Vocabulaire :
des propriétés électriques : des caractéristiques électriques tenir la dragée haute : bien résister en montrant sa force, faire sentir son pouvoir dommageable : nuisible, préjudiciable par ricochet : indirectement, par contrecoup une ligne rouge : la limite de ce qu’on peut accepter un coup d’éclat : action, exploit qui marque les esprits à son comble : au maximum
Audio :
Quiz :