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Guerre en Ukraine : comment la propagande prorusse infiltre les jeux vidéo, YouTube et Facebook

  • Guru Prancis
  • 8 mars 2022
  • 3 min de lecture

Sur Internet, la rhétorique de la Russie se diffuse de mille et une manières : sur Wikipédia, les tchats de jeux vidéo en ligne ou via les réseaux sociaux.


Depuis le 2 mars, les médias RT et Sputnik sont interdits de diffusion dans l'Union européenne, car considérés comme organes de propagande du Kremlin. Leurs contenus en anglais, allemand, français et espagnol ne peuvent donc plus être diffusés à la télévision et sur Internet.


Mais la bataille de l'information passe aussi par des canaux plus inattendus. Ainsi, la page Wikipédia en français de Vladimir Poutine a récemment fait l'objet d'une ‘guerre d'édition’, selon les mots de l'encyclopédie en ligne. ‘Plusieurs contributeurs ont mutuellement annulé leurs modifications respectives. Ce comportement non-collaboratif est proscrit’, annonçait un bandeau rouge en tête de la notice consacrée au président russe.


La page en français de Vladimir Poutine a régulièrement été modifiée par le passé. Il peut s'agir de simples précisions, comme de corrections plus stratégiques, révèle l'historique de Wikipédia. Outre des éléments concernant le déclenchement de la guerre en Ukraine, on trouve des détails enjolivés sur le parcours du chef d'Etat et des informations non-sourcées ou relayant la propagande russe. Dans d'autres cas, ces changements concernent des éléments plus subtils, comme une photo plus flatteuse de Vladimir Poutine.


La propagande russe peut même vous atteindre lorsque vous passez un moment de détente, comme l’ont constaté des ‘gamers’ en s'adonnant au jeu vidéo Starcraft 2. Ce jeu de stratégie militaire et de science-fiction avec des extraterrestres dispose d'un tchat, permettant aux joueurs de communiquer entre eux en temps réel. ‘Des messages écrits par les joueurs défilent sur la page d'accueil et au cours de la mission’, explique un joueur. ‘Je vois régulièrement apparaître des messages antisémites ou haineux, et des références à Poutine, défendu comme un dirigeant nécessaire. Il est possible ensuite de rejoindre des groupes de joueurs et de poursuivre la discussion.’


Dans ces sphères, on salue la longévité au pouvoir du président russe, sa fermeté face aux États-Unis et à l'Union européenne, ainsi que sa vision traditionaliste de la nation et de la famille. Vladimir Poutine y est perçu comme un homme fort et viril. Cette propagande se diffuse aussi via des forums consacrés aux jeux vidéo, comme ‘Blabla 18-25’ du site Jeuxvideo.com (dont des utilisateurs ont été mis en cause dans des cas de désinformation et de cyberharcèlement) ou des sites comme Avenoel.


L'influence pro-Kremlin se déploie également sur les réseaux sociaux comme LinkedIn, Twitter ou Youtube. Google a annoncé avoir suspendu la possibilité pour des médias financés par le Kremlin de générer de l'argent sur ces plateformes. Mais des créateurs français de contenus prorusses restent libres d'y diffuser des vidéos relayant des théories conspirationnistes et justifiant la guerre en Ukraine, et d'engranger des revenus grâce à l'audience qu'ils suscitent.


Facebook est un autre réseau social où la désinformation sévit depuis la Russie, ou du moins sévissait avant que le site ne soit temporairement bloqué. Le journaliste spécialisé Nicolas Quénel y a trouvé des pages qui affirment faire de la ‘réinformation’ et des médias ‘alternatifs’ qui relaient des messages prorusses jamais sourcés, voire complotistes. Selon lui, plusieurs types d'acteurs sont impliqués : le renseignement militaire russe, des entreprises ayant des intérêts à faire valoir, ou des acteurs privés qui aspirent à se faire remarquer par Poutine.


Les internautes accèdent à ces contenus via les algorithmes des réseaux sociaux ou le partage d'un lien dans un groupe Whatsapp. Quelles solutions peut-on mettre en place contre cette désinformation ? ‘Les plateformes doivent investir beaucoup plus de moyens dans la modération et être plus réactives’, juge Nicolas Quénel.


De son côté, Reporters sans frontières a initié le Forum sur l'information et la démocratie, qui a déjà livré 250 recommandations pour lutter contre la désinformation. L'ONG réclame ‘une réglementation publique pour imposer des exigences de transparence aux plateformes, leur demander de dépenser un pourcentage minimal de leurs revenus afin d'améliorer la qualité de l'examen des contenus, ou bien encore des mesures qui limitent la viralité des contenus trompeurs’.


Vocabulaire :


infiltrer : s’introduire dans de mille et une manières : de beaucoup de manières différentes proscrit : interdit outre : en plus de information non-sourcée : information dont les sources ne sont pas mentionnées enjolivé : rendu plus joli, embelli s’adonner à : se livrer à une activité avec intérêt mis en cause : impliqué, accusé de participer engranger des revenus : gagner de l’argent sévir : faire des ravages, causer des dégâts aspirer à : désirer, rêver de la viralité : la diffusion incontrôlée sur Internet trompeur : faux, menteur


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