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Joséphine Baker, du Missouri au Panthéon

  • Guru Prancis
  • 30 nov. 2021
  • 2 min de lecture

À 16 ans, elle se poudrait la peau en blanc pour améliorer ses chances de trouver un rôle dans les théâtres de Broadway. Moins de cinq ans après, à Paris, le directeur du théâtre des Champs-Elysées s’écriait 'Pas assez nègre !' en la découvrant.


Joséphine Baker deviendra une superstar en se jouant des clichés racistes de son époque (de notre époque ?). Dans un décor de jungle, elle se déhanche seins nus avec sa fameuse ceinture de bananes, troquée plus tard contre une ceinture de plumes, entre érotisme et comédie, célébrité et actions secrètes, puis identités multiples et engagement politique. Elle parvient si bien à s'affranchir de sa couleur de peau qu’elle se retrouve à l'affiche dès la fin des années 1920 de quatre films aux côtés d'acteurs blancs, ce que Hollywood lui a toujours refusé. ‘En reprenant l'imaginaire du “sauvage africain”, elle satisfait la demande d'exotisme du public, mais elle prend aussi le pouvoir en se moquant de stéréotypes raciaux qu'elle finit par transcender’, souligne Michell Chresfield, chercheuse en histoire à l'Université de Birmingham. En 1931, elle connaît un énorme succès avec sa chanson ‘J’ai deux amours.’


Devenue française en 1937, elle n'oublie pas son pays natal, alors engagé dans la lutte pour les droits civiques. Elle est la seule femme à s'exprimer aux côtés de Martin Luther King lors de la marche historique de 1963, mais elle aura été marginalisée par les militants afro-américains durant des années. ‘Elle était incomprise. On lui reprochait d'avoir repris les clichés racistes visant les Noirs. Elle était perçue comme une diva pas très respectable’, ajoute Michell Chresfield. Son acceptation par la communauté noire-américaine aura pris des années. Mais c’est fait. En 2006, la chanteuse Beyoncé lui rend hommage en arborant une ceinture de bananes lors d'un concert.


Le jour anniversaire de sa naturalisation française (par le biais d’un mariage qui ne durera pas), presque cinquante ans après sa mort, elle entre en ce 30 novembre 2021 au Panthéon, le temple républicain élevé ‘aux grands hommes’ par la patrie reconnaissante. Militante antiraciste, féministe, mère adoptive de douze enfants, résistante pendant la seconde guerre mondiale, elle y sera la première noire, l’une des seules personnes nées à l’étranger, et l’une des six femmes y côtoyant 75 ‘grands hommes’.


Vocabulaire :


se poudrer : se maquiller avec de la poudre se jouer de : se moquer de, s’amuser de se déhancher : bouger en balançant les hanches troquée : échangée s’affranchir : se libérer en arborant : en portant (ostensiblement) naturalisation : obtention d’une nouvelle nationalité reconnaissant : qui exprime de la gratitude, de la reconnaissance côtoyer : être à côté de Audio :


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