L’autre compétition olympique

Les Jeux de Beijing battent (froidement) leur plein, et les journalistes commentent quotidiennement l’évolution, qu’il y en ait ou pas, du fameux tableau des médailles. Sensible à la fibre patriotique, ce tableau classe les pays en fonction du nombre de médailles obtenues depuis le début des compétitions. Mais voilà, qu’il s’agisse des Jeux d’hiver ou des Jeux d’été, bien plus suivis, comment trouver une méthode de classement satisfaisante ? Là est la question. La presse américaine, par exemple, s’intéresse au nombre total de médailles, ce qui a l’inconvénient de donner la même valeur à l’or, à l’argent et au bronze. Les Français, eux, n’ont d’yeux que pour l’or, ce qui revient à dire que, du moins pour ce classement, les autres médailles ne comptent pas. So far, not so good. D’autres systèmes attribuant un nombre de points en fonction de la couleur des médailles sont régulièrement proposés, mais étonnamment peu souvent retenus. Et bien d’autres paramètres pourraient entrer en compte : le nombre d’athlètes de chaque délégation (il serait surprenant qu’une petite délégation récolte plus de médailles qu’une armée de quatre cents olympiens), pourquoi pas aussi la taille de la délégation par rapport à la population du pays (pour en mesurer la ‘bonne santé’ du sport de haut niveau). La variété des disciplines pourrait aussi être prise en compte : dix médailles dans le même sport (on passe le bonjour aux Jamaïcains) ont-elles la même valeur que dix médailles dans dix sports différents ? Tous les sports se valent-ils ? Ou faut-il aussi considérer le degré de médiatisation des disciplines, puisque les Jeux Olympiques, maintenant qu’ils ont vendu leur âme, sont avant tout une question de médiatisation (et de marketing) ? Une médaille en lutte gréco-romaine a-t-elle le même poids qu’une médaille au cent mètres en athlétisme ? Il semble qu’un classement idéal soit quasiment impossible à mettre en place, car la part de subjectivité de ses auteurs viendra toujours en brouiller la justesse.

Vocabulaire :

battre son plein : être au milieu d’un événement, ‘en plein’ dans son déroulement n’avoir d’yeux que pour : ne s’intéresser qu’à une chose, ignorer le reste attribuant : donnant, accordant récolter : (ici) gagner, amasser lutte (sport) : en anglais, 'wrestling' brouiller : rendre flou (contraire de ‘clarifier’ ou ‘éclaircir’)

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