Les jeunes hommes français plus sexistes que les plus âgés

Eh bien non, le sexisme ne recule pas en France, et notamment chez les jeunes, note le Haut conseil à l'égalité (HCE) dans son rapport publié fin janvier 2023.

Plus d’un tiers des femmes interrogées assurent avoir déjà vécu un rapport sexuel sous la contrainte, devant l'insistance d'un partenaire qui ne voulait pas mettre de préservatif ou encore sous l'emprise d'alcool ou de drogue. Conséquence directe de ce sexisme, en France, 9 femmes sur 10 affirment renoncer à certaines activités toutes seules, ainsi qu’à s’habiller comme elles le voudraient.

Certes, l’opinion française déplore l’existence du sexisme mais, avec un sens de la contradiction qui ne lui a jamais fait peur, ne le condamne pas pour autant, et ce même chez les femmes. En effet, seulement 49% des Françaises jugent problématique que ce soit la femme qui cuisine tous les jours pour toute la famille.

D’après le rapport du HEC, une personne sur trois pense qu'il est normal que les femmes s'arrêtent de travailler pour s'occuper de leurs enfants, un chiffre en hausse de 6 points par rapport à l'an dernier. D’une manière générale, le sexisme préoccupe beaucoup moins l'opinion que les situations de discrimination, de viol et de harcèlement. Le rapport note pourtant que le sexisme ordinaire sert de tremplins à des actes plus violents.

L’une des principales surprises de cette étude est que le sexisme semble être plus ancré chez les jeunes que chez les hommes plus âgés. C’est chez les 25-34 ans que l'on observe le plus l’affirmation d'une « masculinité hégémonique », à savoir des comportements visant à assurer la perpétuation de la domination des hommes sur les femmes et du patriarcat. Dans les faits, 20% des jeunes considèrent que pour être respecté dans la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis, alors que la moyenne des Français est de 10%.

Autre chiffre révélateur, seulement un homme jeune sur deux de 15 à 34 ans considère que l'image des femmes véhiculée par la pornographie est problématique, quand ils sont 80% à penser ainsi chez les 65 ans et plus.

Le rapport du Haut conseil à l’égalité avance un phénomène pour expliquer le sexisme au sein de la société française : le « backlash », ou « contrecoup » en bon français, du mouvement #Metoo. Un certain nombre d’hommes se sentiraient fragilisés et réagiraient, en bons mâles, en étant agressifs. Jusqu'à prendre des positions ouvertement virilistes, ou encore à voter pour un mouvement politique très masculin, comme le parti d’extrême droite Reconquête, souligne l’étude.

Les réseaux sociaux ne sont pas en reste, avec injures, menaces de mort ou propositions indécentes faites aux femmes. Plus généralement, un tiers des Français estiment que les hommes sont en train de perdre leur pouvoir, soit trois points de plus que l'an dernier. Cette crainte d'être déclassé entraînerait son lot de réactions épidermiques parfois virulentes.

Pour tenter de juguler ce sexisme ordinaire, le HCE a listé dix recommandations qui ont été transmises au président Emmanuel Macron quelques jours après la publication du rapport. Parmi les pistes évoquées, on trouve l’augmentation des moyens de la justice, en particulier pour traiter les violences intrafamiliales. Mieux réguler les contenus numériques qui transmettent une image dégradante des femmes ou encore interdire la publicité pour les jouets genrés (poupées roses pour les filles, camions bleus pour les garçons) comme cela s'est fait en Espagne. Le débat est loin d’être terminé…

Vocabulaire :

sous la contrainte : en étant obligé(e) déplorer : désapprouver servir de tremplin à : (expression imagée) permettre à quelque chose de se développer viriliste : qui considère que les hommes doivent affirmer leur virilité par un comportement et des représentations ultra-masculines ne pas être en reste : n’avoir rien à envier, prendre entièrement part à un phénomène réaction épidermique : réaction très irritée juguler : stopper, maîtriser intrafamilial : au sein de la famille

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