Miss France devant les tribunaux
- Guru Prancis
- 20 oct. 2021
- 2 min de lecture

Elles doivent mesurer au moins 1,70 m, être célibataires et sans enfants, et même ne jamais avoir été mariées. Et surtout, être ‘représentatives de la beauté.’
Dans son ‘Rapport annuel sur l'état des lieux du sexisme en France’, en 2019, le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), une instance consultative chargée de conseiller le gouvernement, avait qualifié le concours Miss France de ‘caricature archaïque.’ Il est vrai que son existence même est de plus ou plus souvent remise en question, tant il va à contre-courant de la pensée actuelle.
Les plus vives critiques proviennent régulièrement d’une association nommée ‘Osez le féminisme’, dont il n’est pas nécessaire de présenter le combat. Opposée depuis plusieurs années au concours Miss France (‘rétrograde, sexiste, incarnation de la femme-objet’), l’association a trouvé un nouvel angle d’attaque, avec le droit du travail. Au point d’amener devant les tribunaux les sociétés qui gèrent le concours, leur reprochant ‘d’utiliser des femmes pour fabriquer un programme audiovisuel extrêmement lucratif tout en bafouant le droit du travail.’ L’association estime que même sans signature de contrat, la relation entre les candidates et les organisateurs est celle d’un salarié et d’un employeur. Cette relation a d’ailleurs été reconnue pour Mister France, le pendant masculin du concours, dont l’impact médiatique est pourtant nettement inférieur.
C’est là qu’interviennent trois anciennes prétendantes qui affirment que leur candidature a été rejetée car elles ne répondaient pas aux critères exigés. Or le Code du travail interdit tout critère lié ‘aux mœurs, à l'âge, à la situation de famille ou à l'apparence physique’ dans le cadre d’un recrutement. Les requérantes demandent donc que les organisateurs soient condamnés à supprimer de leur règlement ces clauses discriminatoires, comme celles interdisant de fumer en public, ou de porter des tatouages visibles ou des piercings.
La société Miss France n’a pas encore réagi à l’annonce de cette procédure. En raison des délais habituels de la justice, il est peu probable qu'une décision soit rendue avant le prochain concours, le 11 décembre à Caen.
Vocabulaire :
l’état des lieux : la situation actuelle une instance : un organisme, un bureau bafouer : ne pas respecter le pendant : l’équivalent une prétendante : une candidate les mœurs : les usages, les habitudes un requérant : personne qui attaque en justice
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