Le 2 novembre, la joueuse de tennis Peng Shuai a publié sur son compte Weibo, un réseau social chinois, un message dénonçant le harcèlement sexuel qu’elle a subi de l’ancien vice-premier ministre Zhang Gaoli. Très vite, la censure a supprimé cette information, désormais complètement occultée par les moteurs de recherche. Mais de nombreuses captures d’écran ont pris le relais.
Et aujourd’hui, c’est le hashtag #WhereIsPengShuai qui agite la Toile (non-chinoise). La joueuse de tennis de 35 ans n’a plus été aperçue en public depuis le début du mois. Rien d’étonnant dans un pays qui réprime sévèrement le moindre ombrage fait au Parti communiste ou à ses représentants, le leader Xi Jinping en tête. Récemment, l'actrice Zhao Wei s'est évaporée pour des raisons obscures, et ses films, pourtant très populaires, ne sont plus proposés sur les plateformes de streaming. Un peu plus tôt, le patron du géant du e-commerce Alibaba, Jack Ma, avait lui aussi disparu pendant plus de deux mois après des critiques adressées au pouvoir.
Le mouvement #MeToo, dans lequel s'inscrit la prise de parole de Peng Shuai, n'est pas le bienvenu en Chine. La journaliste d'investigation Sophia Huang Xueqin, la première à médiatiser plusieurs cas de harcèlement dans le pays, est toujours détenue par le régime communiste, comme le rappelle Reporters sans frontières. Elle se trouve actuellement en ‘résidence surveillée’, un terme qui désigne la détention à l'isolement dans les prisons du régime et s'accompagne souvent d'actes de torture, poursuit l'ONG.
Combien de temps Peng Shuai sera-t-elle écartée des radars ? ‘Son accusation envers un ancien dirigeant chinois, impliquant une agression sexuelle, doit être traitée avec le plus grand sérieux’, a indiqué dans un communiqué le circuit féminin de tennis WTA, réclamant que ‘justice soit faite’. Mais les instances du tennis veulent-elles vraiment se fâcher avec la Chine, qui a massivement investi sur le circuit ces dix dernières années, au point de devenir un véritable Eldorado du tennis féminin ?
Cette semaine, la télévision chinoise, (très) proche du régime, a montré un email signé de Peng Shuai, assurant qu’elle va bien et qu’elle se repose. Mais beaucoup doutent de l’authenticité de ce message, les médias chinois diffusant régulièrement des aveux forcés. Pour l’heure, le mystère reste donc entier.
Vocabulaire :
occulté : caché, invisible prendre le relais : prendre la suite, continuer le travail de quelqu’un d’autre la Toile : surnom d’Internet ombrage : offense, critique s’évaporer : disparaître être détenu : être en prison détention à l’isolement : situation d’un prisonnier qui est isolé dans une cellule sans contact d’autres personnes un communiqué : texte transmis à la presse
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