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  • Guru Prancis

Quand l’absurdité prend son envol


Dès 2020, des compagnies aériennes proposaient à des voyageurs au sédentarisme mal vécu de faire un tour en avion. Littéralement. Car l’avion décollait, volait une heure ou deux, et atterrissait au même endroit. Les passagers avaient présenté leur carte d’embarquement, attaché leur ceinture, été déçus (ou pas) par le plateau-repas, eu les oreilles bouchées avant l’atterrissage, et poireauté une heure pour récupérer leurs bagages. Tout le monde y trouvait son compte, et surtout les compagnies aériennes qui parvenaient à faire quelques rentrées d’argent et fidéliser leur clientèle.


Mais le problème dure, et commence à être même franchement long. Et avec le grand public sur le point de se lasser de ces voyages vers nulle part, les avions sont désormais contraints de voler à vide. Mais pourquoi, à notre époque où tout le monde se targue d’écologie ? Tout simplement pour ne pas perdre les créneaux chèrement obtenus dans les aéroports.


En effet, la Commission européenne prévoit qu'une compagnie aérienne doit assurer 80% de ses créneaux d'atterrissage et de décollage pour pouvoir les conserver l’année suivante. Si la réglementation a été allégée à 50% il y a quelques mois, près de 18.000 vols ‘inutiles’ seront effectués, regrette le PDG de la compagnie allemande Lufthansa. Car le variant Omicron, dont l’aspect (annoncé comme) bénin est inversement proportionnel à la panique qu’il déclenche, réduit les espoirs du secteur à une peau de chagrin.


Ce sont les compagnies historiques qui semblent le plus souffrir de la situation, plus propice aux low-costs. Certaines de ces entreprises affichent en effet des finances pas si mauvaises, et sont prêtes à récupérer les créneaux de leurs concurrents. Brussels Airlines a ainsi annoncé qu'elle va procéder à 3.000 vols vides, ou presque. Une situation incompréhensible pour le ministre belge de la Mobilité, qui demande d’abaisser encore le seuil d’utilisation des créneaux et d’accorder davantage de flexibilité aux compagnies aériennes pour organiser leurs vols. Une demande poussée également par Air France, même si la compagnie française n'est pour l'instant pas concernée et n'a pas officiellement prévu de faire voler des avions à vide.


L’Absurdie est décidément une destination très en vogue depuis le début de la crise sanitaire.


Vocabulaire :


poireauter : en langue familière, synonyme d’attendre y trouver son compte : trouver satisfaction dans une situation se lasser de : se fatiguer de se targuer de : se vanter de, revendiquer un créneau : un temps défini réduire à une peau de chagrin : réduire à (presque) néant poussée : (ici) soutenue Absurdie : nom d’un pays imaginaire où règnerait l’absurde en vogue : à la mode


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